Alors que le réchauffement climatique est au coeur de toutes les attentions et que les restrictions d'eau sont désormais chose commune dans de nombreux départements, les structures équestres doivent s'adapter pour continuer d'offrir confort et sécurité aux chevaux comme aux cavaliers, mais aussi développer une gestion raisonnée de l’eau.
Zoom sur les enjeux, les points-clés de la règlementation, les aménagements possibles et quelques astuces.
Changement climatique et eau : les enjeux
Depuis de très nombreuses années, les acteurs publics et privés se penchent et alertent sur le problème du réchauffement climatique, et de ses impacts, rencontrant aussi une sensibilisation croissante, dans les pays industrialisés où se concentrent aujourd’hui les consommations énergétiques , tout comme les pays en voie de développement, qui aspirent à de meilleures conditions de vie.
Mais les composantes du changement climatique étant multiples, il est plus approprié de parler de changements climatiques au pluriel qui se traduisent par plusieurs phénomènes : modification des températures à la surface de la Terre du fait de l’effet de serre, élévation du niveau de la mer, fonte des neiges et des glaces, perturbation des régimes de précipitations puis multiplication et intensification des événements extrêmes (ex : inondations, sécheresses).
Quels sont plus précisément les impacts sur la ressource eau ? Découvrez sur le site Eaufrance toute l’explication, sur ce point et sur d’autres.
Un point sur les réglementations
Vous êtes sur un site disposant d’une ressource en eau ? Protégez-la car elle sera le meilleur garant de votre autonomie lors de restrictions possibles. Mais elle est aussi souvent partagée avec d’autres riverains, et il y a quelques points à respecter, sous l’angle sanitaire et accès à cette ressource, selon le code de l’environnement.
Abreuvement des animaux dans un cours d'eau, prélèvement d'eau en milieu naturel, entretien des cours d'eau sur votre propriété ... L'IFCE vous propose un point sur les réglementations en vigueur ici.
En été, de plus en plus de territoires limitent les usages non prioritaires de l’eau en période de sécheresse. Les arrêtés préfectoraux départementaux émis par la DDT ne sont pas tous homogènes – pratiques autorisées, horaires interdits,…. - et parfois peu diffusés.
Comment savoir si votre commune est soumise à restriction d’eau ? Et si les centres équestres sont concernés et pour quels usages ?
Un lien utile à découvrir et consulter régulièrement si vous avez un doute : le site officiel réactualisé tous les jours, donnant les niveaux de restriction par zone, et le détail des arrêtés permettant de vérifier dans quelle situation vous êtes :
Cela étant, même si vous pouvez arroser en période de restrictions, soyez attentif à optimiser la consommation …
La question des sols, un point majeur
Pas de sol adapté, pas d’équitation et d’activité apportant confort et sécurité aux chevaux. Les besoins ne sont pas les mêmes, pour une carrière de compétition ou d’instruction, pour du saut d’obstacles ou de l'équitation western. Il est donc tout d’abord indispensable de choisir la souplesse et la tenue du sol correspondant au besoin. Ensuite, la gestion et l’optimisation de l’humidification parfois indispensable selon les cas, devient un point-clé. Deux axes à développer : le procédé constructif , apportant les plus grandes voies d’économie d’eau , et l'aménagement de l'existant pour limiter sa consommation.
Les systèmes de subirrigation intégrés dans l’infrastructure des carrières se développent de plus en plus sur les nouveaux équipements et semblent constituer une référence pour optimiser la gestion de l’eau en conservant un taux d’humidité constant et en supprimant, ou presque, les besoins d'arrosage par aspersion. Certains fabricants proposent une sous-couche constituée de dalles assurant le drainage de la surface, selon sa fréquence d’utilisation et les conditions climatiques du lieu d’implantation choisi.
Ensuite, sans toucher à l’infrastructure, ces dernières décennies, les créateurs de sols équestres ont largement développé des sols fibrés, synthétiques ou naturels, permettant une meilleure conservation de l'humidité, limitant ainsi l'évaporation de l'eau et donc le nombre d'arrosages nécessaires pour conserver un sol convenable. Si votre structure n'est pas équipée d'un sol fibré, il est possible d'amender le sable en ajoutant de la fibre ou d'opter pour un sable moins gourmand en eau.
La nature et la densité de ces fibres, synthétiques en particulier, doivent cependant aussi respecter d’autres conditions, tout aussi essentielles : récupération et recyclabilité de ces matériaux, absence d’ingestion du fait de particules trop fines dans l’appareil respiratoire des chevaux et cavaliers.
Une fois que la technique de sol est définie et en place, il s'agit d'appliquer les bonnes pratiques pour limiter l'évaporation : arroser de nuit et en l'absence de vent, installer des arroseurs automatiques pour une meilleure répartition de l'eau, niveler et herser avant arrosage pour une meilleure absorption, etc.
D’autres techniques permettent la mise en place d'un sol sans arrosage. Fibres entièrement synthétiques ou sols paraffinés, ils restent peu utilisés, et posent d’autres questions environnementales.
De la récupération des eaux de pluie
Pour économiser l'eau, il est également possible de mieux gérer les eaux de pluie.
Il est par exemple possible de les récupérer depuis le toit de vos bâtiments, qui sont généralement de larges surfaces, ou récupérer les eaux de ruissellement des chemins et autres espaces.
Par temps de fortes pluies ce sont des m3 d’eau stockables et potentiellement réutilisables au moment des fortes chaleurs, pour abreuver les chevaux, l’utiliser pour les douches, ou arroser les espaces.
Cependant en fonction de la qualité de l’eau récupérée, de celle des surfaces qu’elle a parcourues, ou des microorganismes qu’elle a emmenés, tout n’est pas recommandé, d’un point de vue sanitaire ou technique.
Comment la récupérer ? Comment prévoir la quantité d'eau de pluie obtenue ? Que peut-on faire avec l'eau de pluie et quelles sont les règles en vigueur ? L'IFCE vous propose d'en savoir plus ici.
Le Plan Filière Equine 2023-2027 : des aides pour la gestion optimisée de l’eau
L’adaptation au changement climatique porte la part du budget la plus conséquente du plan Filière Equine Régional. Au cœur des actions soutenues, une gestion de l’eau plus économe et plus efficace.
Plusieurs volets :
. Pour les carrières et espaces de travail, accompagner la mise en place d’une subirrigation ou d’un arrosage automatique permettant de programmer le lancement et la durée pendant la nuit.
. Pour l’autonomie en eau, développer la capacité à utiliser une source d’eau locale – puits, nappe souterraine, ou récupération des eaux de pluie, incluant les pompes, acheminements, et dispositifs de stockage.
. Pour le confort des chevaux et poneys, améliorer la distribution d’eau dans les pâtures, stabiliser l’accès aux points d’eau naturels ou installer par exemple des abreuvoirs automatiques ou antigel
L’action 2.1, accessible aux centres équestres, permet de soutenir financièrement jusqu’à 45% des matériels nécessaires. Rendez-vous sur la page dédiée au plan pour en savoir plus.
Et n'hésitez pas à nous contacter par mail à planfiliereequine.ara@cre.ffe.com pour plus d'informations !
Quelques astuces pour économiser l'eau au quotidien
. Arroser le soir ou la nuit pour limiter l'évaporation
. Réparer les fuites existantes dans les espaces extérieurs et les bâtiments et prévenir les risques
. Végétaliser vos espaces extérieurs pour une meilleure absorption de l'eau dans les nappes et une augmentation des zones d'ombre limitant l'évaporation
. Installer des toilettes sèches
Et surtout ..
. Sensibiliser vos clients à l'environnement et à la gestion raisonnée de l’eau (affichettes, emails, échanges de vive voix, etc) pour les inciter à limiter leur consommation d'eau : douches plus courtes, robinets à fermer sans attendre, nettoyage à sec, etc.
L’eau est une ressource rare et vitale … économisons-là tous ensemble !
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