
ÉTÉ 2025 • L'OEIL DU PRO

2 juin 2025
Pratiquée en club à des fins pédagogiques ou en compétition lors d’épreuves techniques et artistiques, la voltige s’adresse à un large éventail de cavaliers, du débutant au confirmé. Dirigeante d’un centre équestre…
Pouvez-vous présenter la voltige ?
Selon moi, la voltige peut être abordée de trois manières différentes. Tout d'abord, il y a la voltige proposée dans les clubs comme un outil pédagogique. Personnellement, je l’utilise pour travailler le liant, le fonctionnement, l’aisance et l’équilibre. Aborder le trot et le galop par la voltige permet aux débutants d’acquérir de la confiance à cheval. Cette discipline aide les cavaliers à adopter une position confortable sans se tenir aux rênes, ce qui leur permet ensuite d’avoir un bon contact avec la bouche du cheval lorsqu’ils abordent le galop pour la première fois. L’équilibre du cavalier est également un aspect que l’on peut travailler en voltige. On lui demande d’exécuter des figures simples comme se tourner, se mettre sur les genoux ou se tenir debout, afin qu’il puisse ensuite mobiliser ces compétences en selle. Le fait de réussir à se mettre sur les genoux ou debout sur le dos du cheval mobilise les articulations basses du cavalier, qu’il réutilisera ensuite pour se positionner correctement à cheval. Ce transfert d’apprentissage est très bénéfique. La voltige permet aussi aux enfants de gagner en confiance, notamment pour ceux qui ont des appréhensions. En se sentant en sécurité sur des chevaux de voltige, ils sont immédiatement plus rassurés en selle. Ensuite, il y a la voltige en compétition, qui constitue une seconde approche de cette discipline. En compétition fédérale, il existe toujours deux épreuves : celle des figures imposées et l’épreuve libre, qui est une représentation artistique. Enfin, il existe la voltige de spectacle. Contrairement à la voltige en compétition ou pédagogique, elle ne s’effectue pas en cercle mais en ligne droite.
À quels types de cavaliers peut-on proposer une séance de voltige ?
D’un point de vue pédagogique, la voltige s’adresse à tous les cavaliers, du débutant au cavalier de compétition, en passant par ceux présentant un handicap moteur, mental ou sensoriel. L’avantage de cette discipline est qu’elle est adaptable à tous les niveaux et permet à chacun de travailler différents aspects de son équilibre et de sa posture. Dans ma structure, nous avons intégré la voltige à tous les niveaux de cours et nous proposons au moins une séance par trimestre. Pour les plus adeptes, une séance est organisée toutes les cinq semaines environ. En revanche, la voltige en compétition est plus exigeante pour les cavaliers. Elle se prête plutôt à des cavaliers-gymnastes, car elle demande une bonne préparation physique. Dans notre structure, nous proposons des séances de préparation aux cavaliers de compétition avec une maman ancienne gymnaste qui nous aide bénévolement. Les épreuves par équipes nécessitent six voltigeurs, ce qui demande une certaine organisation pour garantir la présence de chacun lors des compétitions. Un calendrier est donc fixé en début de saison afin que toutes les familles puissent s’organiser en conséquence.
Quelle cavalerie se prête à une séance de voltige ?
L’élément le plus important dans le choix d’un cheval de voltige est son état d’esprit. Il doit être gentil, confiant et bien dressé à la longe. Pour une approche pédagogique, le cheval doit tolérer des mouvements brusques de cavaliers manquant de fixité, ne pas s’agacer ni prendre peur, et pouvoir s’arrêter en cas d’urgence. Il doit également accepter d’être touché sur tout le corps. Généralement, les chevaux de club sont bien adaptés à la voltige car ils sont habitués à travailler avec des débutants. Le physique d’un cheval de voltige peut varier selon les besoins. Dans ma structure, nous utilisons un poney islandais idéal pour les jeunes enfants jusqu’à neuf ou dix ans, un petit cheval appaloosa porteur pour les cavaliers de dix à dix-sept ans, et une jument comtoise qui convient à tous les niveaux, permettant aux plus petits de travailler à plusieurs et aux adultes de s’initier en toute confiance. Pour la compétition, le cheval doit avoir un bon mental et être porteur pour assumer le poids de deux ou trois cavaliers en même temps. En voltige amateur, les chevaux ont le profil des chevaux de CSO amateur : ils ont des belles allures, une certaine classe.
Quel matériel faut-il pour une séance de voltige ?
Pour une séance en club, le matériel nécessaire est rudimentaire : une longe, une chambrière, un gros tapis et un surfaix de voltige muni de deux grosses poignées pour assurer une bonne prise aux cavaliers. J’impose le port de la bombe dans mes cours de voltige. Un cheval d’arçon ou un tonneau de voltige sont un plus pour animer la séance et occuper les élèves en attente, mais ils ne sont pas indispensables. En compétition, le matériel doit être plus adapté. Les surfaix premiers-prix n’ont pas une arcade suffisamment fixe, ce qui peut être très inconfortable pour les voltigeurs lorsque qu’ils réalisent un appui tête renversé (ATR) par exemple. Il faut aussi un tapis plus costaud avec un renfort en carbone par exemple. L’aspect artistique joue également un rôle important donc les voltigeurs ont besoin de costumes soignés.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un enseignant qui souhaite se lancer dans une séance de voltige ?
Mon premier conseil serait de commencer par un petit groupe et par des exercices sur le positionnement. Dès qu’ils ont découvert la voltige, les enfants sont très souvent demandeurs de nouvelles séances. Nous, on le fait une fois par trimestre et pour certains groupes, on le fait une fois toutes les 4-5 séances. Il faut, lors d’une séance de voltige, bien organiser son groupe pour que les enfants soient bien positionnés et restent attentifs même quand il ne sont pas à cheval. Mon deuxième conseil serait de se former pour avoir des idées d’exercices. Avec un peu d’imagination, on peut créer pleins de jeux autour de la voltige !
Comment se déroule une compétition de voltige ?
La voltige en concours comporte deux épreuves : les figures imposées, axées sur la gymnastique et le positionnement, puis l’épreuve libre, où les voltigeurs présentent une chorégraphie artistique. Plus la représentation comporte des figures hautes et spectaculaires pour le public, plus les points obtenus sont élevés. Bien entendu, tout dépend du niveau de chaque voltigeur. C’est comme les autres compétitions, il y a des indices allant de 3 à Élite avec un niveau de difficultés progressives. Les compétitions de voltige se déroule soit en individuel, soit en binôme, nommé le « Pas de Deux » ou en équipe de six voltigeurs. Pour les épreuves libres, il y a une chorégraphie à inventer donc je mobilise souvent les parents pour venir aider bénévolement. On n’a pas tous des notions de chorégraphies, de musique, de sens artistique. Globalement, la voltige en compétition sollicite plus de logistique.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un enseignant qui souhaite se lancer dans une compétition de voltige ?
Pour se lancer en compétition, l’idéal est de commencer par une formation de juge pour savoir exactement de quoi les élèves ont besoin. Un enseignant peut aussi aller voir des clubs qui proposent la voltige en concours ou même se rendre sur une compétition pour voir comment se déroule la journée, le niveau, les attendus etc. Pour notre première compétition, nous ne savions pas que l’épreuve en libre était en costume, mes élèves sont donc arrivés en pantalons blancs, nous étions les seuls du concours ! YouTube est une très bonne source pour s’informer sur ce sujet et avoir des idées.

Photos / ©Robin Milan - CRE-ARA