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ÉQUITHÉRAPIE : 
REGARDS MULTIPLES, OBJECTIF COMMUN

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S’il est désormais prouvé que le cheval est un médiateur hors pair grâce auquel enfants et adultes atteints de divers troubles moteurs, psychiques, psychologiques ou encore sociaux progressent vers plus de mobilité, d’ouverture au monde ou tout au moins vers plus de sérénité, alors comment cela se déroule-t-il ? Intégrée à un parcours de soins complet, l’équithérapie n’implique effectivement pas que le moniteur d’équitation. Equithérapeute, psychomotricienne, éducatrice spécialisée ou encore ergothérapeute, toutes ont un rôle majeur, aux côtés des moniteurs d’équitation dans la réussite de l’équithérapie. Qu’elles aient un lien singulier avec le cheval ou non, elles ont toutes porté le projet de l’équithérapie autour d’elle et accompagnent jeunes et adultes dans leur programme personnalisé, avec des objectifs précis et une joie communicative. 

Ce trimestre, nous sommes partis à la rencontre de d’Annick Bournas, équithérapeute et fondatrice de l’association A Tout Crins et de Nathalie Deschamps, psychomotricienne, Béatrice Pellorce, ergothérapeute et Sandy Devisme, éducatrice spé- cialisée, exercant toutes trois au sein de l’Institut Médico-Psy- chologique Ninon Vallin à Grenoble, pour aborder l’équithéra- pie via leurs expériences. 

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L’équithérapie comme outil pour atteindre des objectifs

« L’équithérapie n’est pas une fin en soi », précise d’entrée le trio de l’IMP Ninon Vallin d’une seule voix. Et pour cause, les séances sont toujours intégrées à un parcours de soin complet, réfléchi et établi par l’ensemble de l’équipe médico-éducative et personnalisé pour chacun des enfants accueillis à l’Institut. « Nous accueillons à l’IMP Ninon Vallin quarante-huit enfants et jeunes adultes polyhandicapés. C’est-à-dire qu’ils cumulent des déficiences motrices, mentales, sensorielles, importantes. La majorité d’entre eux n’est pas du tout d’autonome. Ils ne communiquent pas verbalement. Le polyhandicap est inscrit dans un cadre législatif qui reconnaît l’importance d’une prise en charge spécifique à la fois médicale et éducative. », introduit Sandy Devisme, monitrice-éducatrice. « Un conseil pluridisciplinaire se réunit régulièrement pour établir et ajuster le projet personnalisé de chaque jeune. Médecins, soignants, éducateurs, tous se réunissent pour établir les objectifs de chacun et les méthodes à employer pour les atteindre. C’est lors de ces réunions que nous choisissons d’utiliser l’équithérapie pour certains de nos jeunes. Nous bénéficions aussi, une fois par mois, d’une supervision avec la psychologue de l’établissement, Danièle Greco, cela fait parti du cadre de soin de notre activité et est indispensable au bon déroulement de cette activité à visée thérapeutique. », ajoute Nathalie Deschamps, psychomotricienne. « Lorsque nous recevons des institutions au Ecuries Sylvie Vallard, je travaille toujours avec la monitrice d’équitation et les soignants. Nous échangeons beaucoup sur le projet personnalisé de chacun. Je reçois également des individuels et dans ce cas je me mets toujours en relation avec les médecins avant et pendant le suivi en équithérapie. » précise Annick Bournas, équithérapeute. 

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© Institut Ninon Vallin

L’importance des multiples regards posés sur la séance 

L’équithérapie est donc un outil performant grâce à la collaboration des professionnels réunis autour des jeunes durant les séances, cela ne fait aucun doute pour nos soignantes. « Je ne prétends pas connaître les chevaux du centre équestre par cœur. La monitrice est garante de la cavalerie et moi je fais le trait d’union entre elle et le corps médical. J’apporte mon matériel adapté et je l’aide à construire des séances ludiques en fonction des objectifs de chacun.», explique Annick Bournas. « Sans Lauren Castaingt, monitrice spécialisée en équitation adaptée, nous ne pourrions pas faire un tel travail ! », lance Béatrice Pellorce.

« Lauren n’intervient pas dans l’établissement donc elle ne connaît pas les enfants au départ. Elle a la connaissance de l’animal et nous avons la connaissance des jeunes. Nous faisons le pont entre nos jeunes et elle pour qu’ils se comprennent. C’est vraiment toute une équipe pluri-professionnelle autour de chaque jeune mobilisée pour leur sécurité et leur progression. », poursuit Nathalie Deschamps.« En début d’année nous faisons une réunion à l’institut avec Lauren pour lui présenter les projets des enfants. Ainsi nous établissons ensemble le matériel à utiliser et le déroulement des séances  mettre en place. Lauren dispose de beaucoup d’outils parfaitement adaptés donc nous faisons le choix ensemble en fonction des besoins de chacun. », ajoute Sandy Devisme. 

Des séances pas comme les autres 

Souvent organisées en journée, les séances d’équithérapie sont généralement plus longues et plus séquencées que les séances d’équitation classiques. « Nous nous rendons au Centre Equestre le Manoir – Brié chaque semaine. Nous avons deux groupes de trois jeunes et ils alternent une semaine sur deux pour une séance de deux heures environ. », raconte Béatrice Pellorce, ergothérapeute. « Bien sûr, les jeunes ne passent pas deux heures à cheval ! Tout le temps au centre équestre est important. La relation avec les poneys, le pansage, l’environnement, les chiens, etc. », précise Nathalie Deschamps, « Nous commençons toujours par un temps de pansage. », explique Annick Bournas, « car c’est un temps où les cavaliers travaillent la motricité, tout en prenant contact avec leur poney. Souvent c’est un temps durant lequel ils se livrent au poney. ». 

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Des bienfaits multiples pour les personnes en situation de handicap

L’environnement du centre équestre et le contact des poneys sont des prétextes pour travailler différents points comme la communication non verbale, la motricité, la confiance en soi. « Lorsqu’ils sont à poney, les enfants sont en position de valorisation, ce qui ne leur arrive jamais au quotidien. Ils dirigent, ils sont responsables de leur poney. Lorsqu’ils le brossent, ils passent de soigné à soignant. Cela est important. » précise Sandy Devisme. 

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© Institut Ninon Vallin

« Souvent, avec Lauren Castaingt leur monitrice, les enfants nous impressionnent et arrivent à faire des choses que nous n’aurions jamais pu obtenir à l’institut. », confie Béatrice Pellorce, « Cela nous donne aussi des pistes sur ce que l’on peut attendre d’eux au quotidien ». 

« Que ce soit en termes de rééducation musculaire, de motricité, d’éveil sensoriel, les bienfaits de l’équithérapie sont nombreux chez ces jeunes en situation de polyhandicap.» ajoute Nathalie Deschamps.

« Pour ces enfants qui sont presque tout le temps dans leur fauteuil l’équithérapie est l’occasion de découvrir de nouvelles sensations, un contexte environnemental différent et multifactoriel. En tant qu’éducatrice je me suis attachée à l’éveil sensoriel, au développement de la motricité par le pansage mais aussi à aux notions de respect des consignes et de l’animal, d’attention portée à l’autre et d’encouragement de l’autre. », termine Sandy Devisme. 

« Avec les malades d’Alzheimer de l’ EHPAD de St Just en Chevalet j’utilisais beaucoup le pansage comme moyen de développer la déxterité des mains. Ensuite nous faisions des activités à pieds avec les poneys pour retrouver des objets dans le manège en passant par un slalom, des barres au sol ou encore sous un pont. Cela permettait de travailler leur mémoire et leur équilibre de manière ludique. J’ai aussi travaillé à une époque avec des groupes de détenus. Des hommes avec de longues peines, des plus jeunes un peu plus kaïds et des femmes aussi. La présence des chevaux permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Psychologiquement et socialement le cheval nous apporte beaucoup. », raconte Annick Bournas.

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Des bienfaits aussi pour les intervenants 

« Pour nous aussi c’est une bouffée d’oxygène hebdomadaire ! » lancent Nathalie, Béatrice et Sandy d’une seule voix. « Nous avons conscience de l’investissement que cela implique pour l’établissement mais nous avons à cœur de poursuivre cette activité, pour les progrès qu’elle permet à nos enfants de faire et pour les moments enrichissants qu’elle nous permet de vivre avec eux. », ajoute Béatrice Pellorce. « Pour moi c’est encore différent car au-delà du bol d’air frais, de l’observation des progrès de chacun j’ai la chance de monter avec certains jeunes. Je leur prête mon corps comme tuteur. Ce sont des moments de partage incroyables. », précise Nathalie Deschamps. « Nous avons en plus une entière confiance en Lauren. Ces moments sont aussi d’agréables moments de partage avec elle.», conclut Sandy Devisme. 

POUR ALLER PLUS LOIN
Pour découvrir l’association Atout Crins 

http://www.atoutcrin.com/presentation.php

Pour contacter l’IMP Ninon Vallin 

Téléphone : 04.76.25.12.24
Email : secretariat.ninonvallin@mutualiteisere.org

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